À son arrivée à Méribel, Joseph Szydlowski, Président de Turboméca chausse les skis pour faire le tour des installations.

lI est, dans l’Histoire, des moments ou certaines personnalités d’exception bousculent les événements et marquent les esprits. Ainsi en est-il de Joseph Szydlowski, le président de la société Turboméca, à qui les témoins unanimes attribuent l’invention du terme « Altiport »…

CONTEXTE

À la fin des années 1950, Michel Ziegler et Robert Merloz entreprennent de réaliser leur rêve en devenant aviateurs de montagne et pilotes des glaciers, comme leur modèle, le Suisse Hermann Geiger. C’est ainsi qu’ils déposent, ensemble, les statuts d’une nouvelle compagnie aérienne baptisée Air-Alpes.

En attendant de percevoir leur premier Pilatus PC-6 Turbo Porter, les jeunes gens louent un Pilatus immatriculé en Suisse pour effectuer des reconnaissances en montagne. Le mardi 12 septembre 1961, Robert Merloz aux commandes et Michel Ziegler sur le siège droit, sans double commandes, n’arrivent pas à franchir une crevasse au redécollage sur le dôme du Goûter. Du coup, tout est à refaire…

Heureusement, dès le lendemain, Joseph Szydlowski, Président de Turboméca propose à Michel Ziegler d’équiper le Pilatus commandé d’un moteur turbocompressé, en entrant au capital d’Air Alpes.

INAUGURATION DES LIAISONS COMMERCIALES

Laissons le soin à Michel Ziegler de livrer son témoignage sur les circonstances de l’ouverture des lignes commerciales vers Méribel et Courchevel, épisode pendant lequel Joseph Szydlowski inventa le terme qui nous intéresse (voir sources) :

« Le [mardi] 9 janvier 1962 je prends, avec fierté, livraison, à l’usine Pilatus de Stans, du F-BJSZ. Je me rends aussitôt à Sion pour le présenter à mes amis Hermann Geiger et Fernand Martignoni ; Jean Perard d’Aviation Magazine est avec moi pour ce grand événement de la vie d’Air-Alpes. Puis, après un périple parisien pour faire homologuer l’avion par le CEV [Centre d’Essais en Vol] le [lundi] 29, j’arrive à Chambéry.

Le premier atterrissage à Méribel. Le mot Altiport

Joseph Szydlowski, toujours aussi passionné, s’est tenu informé de la sortie de l’avion et de son périple parisien. Le lendemain matin [mardi] 30 janvier 1962 le téléphone sonne, il est au bout du fil :

  • Monsieur Ziegler vous avez votre premier avion de transport, avez-vous déjà transporté des passagers ?
  • Non, Monsieur le Président, je viens d’arriver.
  • Alors attendez-moi, j’arrive et je veux avoir le billet 001 de la compagnie.

Quelques heures plus tard il débarque à Chambéry à bord de son avion privé, un Beech Baron transformé avec deux Astazou, et nous indique vouloir être transporté sur la piste qu’il sait que nous avons fait construire à Méribel.

Robert et moi sommes au pied du mur, nous aurions préféré prendre notre temps pour cette opération si importante, mais les circonstances commandent et la détermination de notre si dynamique actionnaire nous décide à nous jeter à l’eau. Nous prévenons les autorités locales à Méribel de notre arrivée imminente et nous voilà partis, non sans émotion. L’atterrissage se passe aussi bien que possible devant un comité d’accueil ravi composé de : Abel Desoche, René Becker, président de l’office du tourisme, le grand André Tournier, directeur de la station, et Martine Ziegler.

Tout le monde est très heureux et ému de cette première et nous posons pour la photo :

30 janvier 1962 / De gauche à droite, Abel Desoche, René Becker, Martine Ziegler, Joseph Szydlowski, Michel Ziegler, Robert Merloz et André Tournier (référence).

La nuit approche et nous ne voulons pas laisser notre précieux avion dans la nature, je décolle vers Chambéry laissant Robert et Martine représenter Air Alpes au dîner qui suivra, au cours duquel Joseph Szydlowski inventera le mot Altiport que nous ferons finalement adopter, des années plus tard, par l’administration, puis par l’Académie française. »

Le lendemain, 31 janvier 1962, je remonte à Méribel et nous inaugurons, dans la foulée, la piste de Courchevel. »

ÉPILOGUE

Ce qu’il faut retenir de cette histoire, c’est que deux jeunes pilotes réalisent leur rêve de jeunesse en suivant les traces du pionnier suisse de l’aviation de montagne et du pilotage sur glacier, puis s’en démarquent en créant leur propre modèle d’aviation commerciale de montagne en France, en s’appuyant sur un concept ambitieux et novateur.

Cependant, cette expérience ne peut réussir qu’en s’appuyant sur un motoriste performant, en l’occurrence Turboméca, alors en pointe dans la production de turbines d’avions et d’hélicoptères permettant de battre tous les records d’altitude.

Et, comme souvent, rien n’est possible sans l’irruption d’un personnage, seul capable de renverser le cours des événements. Dans l’anecdote qui nous concerne, il s’agit d’un véritable industriel et d’un acteur haut en couleur qui, à bien des égards, mériterait que l’on retrace sa vie et ses réalisations dans un docu-fiction s’appuyant sur cet épisode capital pour l’aviation de montagne…

Éléments recueillis par Bernard Amrhein

31 janvier 1962 / Le président de Turboméca débarque sur la plateforme de Courchevel (référence).

SOURCE

  • Annales de l’Académie de l’air et de l’espace, 2008-2010, Tome 2 – Communications :

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Une réponse à “Joseph Szydlowski invente le mot « altiport »”

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